Lettre ouverte à Patrick De Carolis

Publié le par CFDT-FTV

A la suite de l'annulation de la soirée du second tour des élections régionales, les sections syndicales CFDT et SNJ de France 3 Paris Ile De France ont décidé de s'adresser directement au président de France Télévisions. Voici leur lettre:

"Monsieur le Président,

Le 21 mars dernier, France 3 Paris Ile de France a été la seule station de France à ne pas diffuser son émission
« Spéciale Elections Régionales ». Les téléspectateurs n’ont eu droit comme toute explication, qu’à un laconique
« en raison d’un mouvement de grève ». La station comptait en tout et pour tout deux grévistes.
Lundi 23 mars, les salariés de France 3 Paris Ile de France n’ont eu droit eux, qu’à un lapidaire, « il s’agit
d’un petit bug », de la part du Directeur de l’information, comme seul éclaircissement sur ce trou noir à
l’antenne. Ce « petit bug » rappelons-le, c’est un plateau qui fonctionne avant, après, mais pas pendant notre
émission « Spéciale Elections Régionales » !
Depuis, 5 jours se sont écoulés, et tout le monde du côté de la Direction, semble vouloir oublier cet événement.
Mais les salariés, eux, sont toujours sous le choc et révoltés.
· Sous le choc, car nous n’avons pas pu remplir notre mission fondamentale d’acteur de la vie
démocratique, en donnant l’information juste et à temps aux citoyens de notre région administrative.
Les soirées électorales locales et régionales sont consubstantielles de l’existence d’une station
régionale de France Télévisions. Ne pas l’assumer, c’est faillir à sa mission première. Les salariés
en sont conscients, le vivent mal.
· Révoltés, car nous avons le sentiment que, manquer au devoir, à l’impérieuse nécessité
d’informer 12 millions de franciliens, un jour comme celui là, ne pose de cas de conscience qu’aux
salariés de France 3 Paris Ile de France. Ni excuses, ni mesures compensatoires, ni émission(s) de
rattrapage n’ont été évoquées.
En somme, tout se passe comme si on avait annulé une retransmission sportive ou un concert, en raison d’un
problème technique ou fonctionnel interne. Mais pour nous, une soirée électorale, ce n’est pas un match de foot,
ni un concert de musique « pop ».
Enfin, et ce n’est pas le moindre des aspects négatifs de ce désastre télévisuel, les salariés de
France 3 Paris Ile de France, au même niveau que les téléspectateurs, ont vraiment le sentiment d’être
pris pour des imbéciles !
Personne ne croit un seul instant aux explications vaseuses qui nous ont été fournies. Ce « petit bug » serait
dû à l’impossibilité des responsables à communiquer entre eux, en temps et en heure, alors qu’ils étaient tous
dans le même bâtiment (voire le même bureau). Comment y croire ?
La difficulté technique invoquée (absence de retour son sur le plateau) n’a pas empêché, bien sûr, l’antenne
nationale d’assurer son émission, mais surtout elle n’a jamais amené les responsables nationaux à envisager
sérieusement d’annuler leur émission. Pourtant, les mêmes raisons ont amenés nos responsables à annuler notre
émission.
Pourquoi ? Quelles conclusions en tirer ? Voilà 2 questions essentielles auxquelles nous souhaitons que
vous nous apportiez une réponse sincère.
Dimanche 21 mars à 20h15, France 3 Paris Ile de France a failli à sa mission de service public. Un français sur
cinq n’a pas eu l’information qu’il est en droit d’attendre dans une grande démocratie de la part d’une télévision
de service public financée par l’impôt.
Devons-nous considérer une fois pour toute qu’il s’agit « d’un petit bug » ? Voilà la question qui vous est
posée Monsieur le Président.
Nous vous laissons seul juge du niveau de la qualité et de la forme de réponse que vous voudrez bien nous
accorder.
Paris, le 26 mars 2010
"
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