Négo du 30 avril: Où va la Direction? -

Publié le par CFDT-FTV

En dépit de demandes répétées, au début des « négociations », la Direction est obstinément restée cramponnée sur le délai qu’elle avait elle-même fixé : le 7 juin 2010. Un an c’est court pour négocier un texte complet, ambitieux et protecteur pour les salariés de France Télévisions.

 

En règle générale, les employeurs qui dénoncent ou remettent en cause tout de suite des conventions collectives présentent un projet alternatif, ce qui permet d’entrer rapidement dans le vif du sujet. A France Télévisions, il fallait absolument imposer la réorganisation aux salariés. Ajouter à ses effets destructeurs, une agression délibérée des garanties collectives, le locataire du 8ème étage n’a pas osé, car la mise en scène organisée au CCE n’aurait pas suffi. Il a donc prudemment attendu la fin de la consultation et l’obtention de son avis négatif (ouf !) pour dévoiler ses batteries. Le projet de « constitution sociale » n’améliore rien. Il remet en question, non seulement, la convention collective des PTA et l’Avenant Audiovisuel des Journalistes, mais aussi tous les accords d’entreprise patiemment négociés au fil des années pour concilier l’application des textes légaux ou conventionnels avec la réalité des activités et des entreprises.

 

Tout passe à la trappe : évolutions salariales, automatismes, paritarisme (garanties d’équité et de transparence), récupérations, emplois, etc. Le déficit de financement doit être, selon la Direction, compensé par la flexibilité absolue, l’individualisation dans tous les domaines et l’opacité des procédures. Le but : fragiliser et briser les reflexes naturels de solidarité et de cohésion. Malheureusement pour eux, les stratèges au petit pied du 8ème étage se sont piégés tout seuls : en jouant la montre et en dissimulant le dessous des cartes, ils ont rendu impossible la négociation d’un texte sérieux, compris et partagé par les salariés, dans le laps de temps imposé.

 

La CFDT qui ne s’est jamais inscrite dans la stratégie d’accompagnement que certains ont choisi, a décidé, dès le départ, de contester en justice le non respect des délais de prorogation. Après le premier jugement négatif, elle a fait appel, avec le SNJ et la CGC, syndicats qui partagent avec elle une stratégie commune sur l’ensemble des grands problèmes de France Télévisions. Bien évidement, la CFDT déplore la perte de temps due à la duplicité et au manque de maîtrise des questions sociales par la Direction. Faut-il pour autant céder à la panique et négocier à la va-vite un accord au rabais, privant les personnels de leurs avantages acquis et instituant un environnement social placé sous la pression et la précarité ? En tout état de cause, à peine un mois de délai rend la négociation de tout accord quasiment impossible. 

 

La Direction a donc proposé aux Organisations Syndicales d’augmenter la fréquence des réunions qui deviennent quotidiennes. Pourquoi pas ? Ceci dit, si les rencontres continuent de voir les syndicats poser des tas de questions et proposer de multiples revendications auxquelles la Direction ne répond pas ou se contente de dire non, tout cela restera stérile. Il est très clair que la Direction a peur de l’appel en justice. De même, et nos analyses l’avaient bien pressenti, elle ne souhaite pas que les personnels puissent se prévaloir de leurs avantages acquis, pouvant se cumuler, si un accord était signé après le 7 juin 2010, avec les dispositions d’un nouveau texte, quel qu’il soit.

 

La CGT qui estimait au départ que la démarche judiciaire était inutile ou ne constituait qu’une « manœuvre dilatoire destinée à retarder la mise en place de l’entreprise unique », s’était jointe en traînant des pieds à la procédure en tant qu’intervenant volontaire. Elle ferait appel dans les mêmes conditions. Alors qu’elle refusait, il y a quelques temps la notion de prorogation, elle la réclame maintenant. Prorogation : Tel n’est plus le point essentiel. Se donner du temps, ce n’est pas idiot, mais négocier jour et nuit pendant quelques mois de plus dans le cadre d’un « accord de substitution » provisoire ne garantissant rien quant au résultat final paraît pire que de continuer à négocier (ce qui est incontournable de toute façon) après que les avantages acquis aient été garantis aux salariés.

 

Par ailleurs, pour la CFDT, le problème de fond ne consiste surtout pas à organiser le pot de départ social de Patrick DE CAROLIS, responsable avant tout de son propre échec.

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